jeudi 9 juillet 2015

On est tous un peu bipolaire...

Il y a des semaines (des mois) que ce billet attend, pris à bras-le-corps, retourné dans tous les sens, abandonné puis retrouvé. Je voudrais te parler de plein d'autres trucs bien plus marrants (le henné rouge de chez Lush, par exemple), mais je lui ai promis qu'il serait le prochain alors il est temps qu'il sorte de sa cachette histoire qu'on puisse reprendre tranquillement notre place dans le canapé.

Puis je pense qu'il y a des moments dans la vie. C'est un peu comme la cuisson des pâtes. Un peu de patience, et à sept minutes elles sont parfaites. A six elles auraient été immangeables, à huit ramollos. Et là, c'est le moment.


Tu le sens, le suspense, là?


Je suis bipolaire.

Malade depuis environ dix-huit ans, diagnostiquée depuis un an et demi.

Et puisqu'il n'y a rien de plus parlant que des chiffres, j'ai passé en tout plus d'un an en psychiatrie, changé trois fois de psychiatre, cinq fois de psychologue, voulu mourir un bon millier de fois et réellement essayé quatre fois. Maintenant j'avale sept pilules par jour (qui, tant qu'on y est, m'ont fait prendre vingt kilos), je vois mon psy(chologue) une à deux fois par semaine, et mon psy(chiatre) une fois par mois quand tout va bien. C'est-à-dire quand je n'ai décidé ni de me pendre, ni de traverser l'Atlantique à la nage pour rendre visite à ma petite soeur.

Suffit pour les calculs mentaux, je crois que t'as saisi l'idée.

Maintenant, le contexte.

Prends un verre, là, sur la table basse, on en a pour un moment.



C'est un matin comme les autres.

Les trois quarts du temps il pleut (on est en Belgique hein).

Tu n'as rien de spécial de prévu. Boulot, courses, un peu de ménage, gamins si tu en as, peut-être un épisode de ton feuilleton préféré avant de t'écrouler sur ton lit, les bras en croix. La vie quoi.

Mais quand tu ouvres les yeux, puis les rideaux... Cette lumière, mais cette lumière! Si vive, si chaude, elle te prend à l'intérieur et te fait tourbillonner. Tes autres sens s'éveillent. L'odeur du café, les rires des enfants qui partent pour l'école, tes cheveux qui chatouillent ta nuque, le sol sous tes pieds... Tu ne marches pas tu danses, tu ne respires pas tu vibres, tu ne parles pas tu chantes. Tout est léger et vif à la fois, comme toi: léger comme une plume et vif comme l'eau fraîche que tu passes sur ton visage. Tu es beau, tu es bien, la vie est belle et le monde t'appartient.

C'est un miracle que tu découvres à chaque instant. Ce que tu fais d'habitude sans enthousiasme, sans passion, te paraît aujourd'hui si simple, si parfait. Ton habituel petit-déjeuner, tes collègues vus et revus, ton boulot si routinier, tes enfants qui se chamaillent, ton homme qui cherche ses lunettes... Tout est magique, merveilleux, d'ailleurs il n'y a pas de mots pour exprimer ce sentiment. Chaque chose est à sa place. Surtout toi.

Et le rêve continue, jour après jour.

Sauf que ce rêve, tu y es seul. Les autres ne voient pas ce que tu vois, la beauté parfaite de la vie. Pour eux un arbre est un arbre, un gosse peut être chiant, une journée merdique... Mais bon sang comment faire pour leur ouvrir les yeux? Il faut qu'ils profitent eux aussi de cette féerie!

Tu parles, beaucoup, tout le temps, trop vite, de tout à la fois. Et tu ne dors pas, pour ne rien rater. Et tu ne manges pas, non plus, pourquoi perdre son temps à s'asseoir à une table alors qu'il y a tant de choses à vivre? Tu as trop à faire, et tant d'énergie!

Les jours passent. Et toi qui vois, toi qui sais, tu t'aperçois qu'en tendant l'oreille tu entends aussi des choses que les autres n'écoutent pas. Tu ne sais pas d'où viennent ces voix mais de toute évidence elles s'adressent à toi.

Et tu es indestructible. Tu fais l'amour sans réfléchir parce que c'est à la vie que tu le fais, tu roules vite parce que le temps passe vite lui aussi, tu dépenses tout l'argent que tu n'as pas, tu bois, tu danses, tu ris... Rien ne peut t'arrêter (sauf peut-être la police, et encore tu les baratinerais).



Puis, comme une lampe qu'on éteint ou un oiseau qui s'écrase dans une vitre, tout s’arrête.

Envolée la lumière, disparus les rires des enfants, brisé le rêve et toi avec.

Plus d'envies, plus de désirs, aucune vision de l'avenir. Parvenir à te lever, à avaler quelque chose, à écouter ton mec te raconter sa journée de boulot. Puis, enfin, retourner te cacher tout au fond de ton lit.


Un peu comme ça...


Tout est gris. Les gens sont gris, même ceux que tu aimes. Ton jardin, ta maison, ton bouquin préféré, les spaghettis bolo (ou le gratin dauphinois, c'est toi qui vois) de ta mère, gris gris gris.

Tout va bien pourtant, mets-toi donc un coup de pied au cul, la vie n'est facile pour personne, allez maintenant tu te lèves, tu vas prendre une douche, on va faire un tour. Tu vois ses lèvres bouger mais rien de cohérent n'en sort. Elle parle trop vite, dans une langue que tu as oubliée, elle semble penser que c'est ta faute, et peut-être a-t-elle raison...

Ce n'est pas comme si tu avais un cancer, du diabète, le zizi de travers que sais-je... Personne n'est mort, ni ton chien ni ton arrière-grand-tante du côté de ta mère. Tu as un toit, des amis, une famille, la santé, tout le monde ne peut pas en dire autant.

Tout ça n'est qu'une question de volonté, et de toute évidence tu en manques.

Tu as dépensé tant de sous, tant d'énergie, tu as épuisé toute la confiance que tu avais en toi, et celle des autres aussi...

Tu es une merde.

Et tu te caches. Tu fais le mort. Parce que c'est ce que tu es. Plus de sentiments. Plus d'émotions. Une ombre. Tu constates que tu fais du souci aux gens qui t'entourent mais ils sont sur l'autre rive, si loin, et puis qu'aurais-tu à leur apporter, à leur raconter?

Il faut que cela cesse. La souffrance, la culpabilité, ce poids sur tes épaules...

Il n'y a qu'une seule solution, non?

Ah non, il y a l'hosto aussi. Au fond à gauche, troisième étage, il faut sonner on ne rentre (et ne sort) qu'avec l'accord d'une infirmière.



Etre bipolaire, c'est savoir jouer du piano de manière honorable. Puis pendant des semaines, des mois, ne plus être capable d'en sortir un seul accord correct, sans fausse note, sans erreur, sans baisser les bras. Et, un matin, te retrouver dans la peau de Ray Charles, doté d'un talent fou, d'une aura, d'un charme infini, arpenter le monde pour partager ce don avec tous, te sentir plein, et vivant, et entier. Puis retomber, et contempler ton piano comme un animal étrange ou comme un jean trop petit (et dire qu'un jour tu as pu y passer tes fesses).

Etre bipolaire, c'est être toujours en décalage. Ne pas parvenir à suivre une conversation parce que le monde tourne bien trop vite, ou ne pas parvenir à suivre tes propres pensées parce que toi-même tu cavales.

Mais, comme je l'entends si souvent, t'inquiète pas, on est tous un peu bipolaire...

Non?



jeudi 27 novembre 2014

Crash test : Masque "Fais pousser ta crinière"

Je suis tombée l'autre jour sur une discussion virtuelle au sujet d'un masque capillaire qui a permis à Lorraine, du blog Ciel ma crinière !, de gagner 2,5cm de tifs en deux semaines et demie. Voui voui voui, tu as bien lu.

La spiruline m'a rendue malade et m'a filé des boutons, la cure de crème de coco a fait dégorger mon rouge adoré, la levure de bière m'a fait gonfler comme un ballon, mais si il y a un truc à tester, et surtout si il est farfelu, je suis ta femme!

La recette de Lorraine nécessite de mélanger 3cs de cannelle, 3cs de moutarde et 1cs d'huile d'avocat. On applique en racines en massant soigneusement, on s'emballe dans du cellophane et dans une serviette trempée dans de l'eau chaude et, après une heure, on rince à l'eau froide.

Les coupables...

Parce qu'il ne me restait plus qu'un fond d'huile d'avocat, j'en ai remplacé la moitié par 2ml de maca vital. Et parce que je me savais trop impatiente pour passer 1h avec une serviette mouillée sur la tête, je l'ai remplacée par une serviette passée quelques secondes au four à micro-ondes.

Tout d'abord, malgré mes nombreuses applications de popottes en tout genre, je n'avais jamais autant pesté en me mettant quelque chose sur le crâne. La texture de ce masque est très épaisse, et dès qu'il entre en contact avec les cheveux il les transforme en sacs de noeuds. Il sèche également très vite, dans les cheveux mais aussi sur les doigts, ce qui ne facilite pas les choses.

D'autre part, la quantité que j'avais préparée n'a pas suffi à couvrir tout mon cuir chevelu. J'aurais facilement eu besoin d'une à deux cuillères à soupe de préparation supplémentaire.

Dernier point, et non des moindres. Ainsi que Lorraine le signale dans le billet consacré à ce masque, ça chauffe! Ami au cuir chevelu sensible, abstiens-toi! Pour ma part c'est resté tout à fait supportable, mais j'avais prévenu tout le monde à la maison: l'accès à la salle de bains était formellement interdit, histoire que je puisse courir me rincer la tête en cas d'urgence!

Je n'ai pas eu besoin de me précipiter dans la salle de bains, mais le rinçage à l'eau froide était, contre toute attente en plein mois de novembre, un petit moment de plaisir pour mon crâne échauffé.

Je te tiendrai au courant de l'efficacité de ce masque, mais à moins d'un miracle capillaire je t'avoue que la moutarde va rester au frigo. A mon sens les soins naturels doivent être un plaisir et là... on est loin du compte!

mardi 25 novembre 2014

Mission violine!

Bon.

Il me semble qu'on a déjà parlé de pas mal de choses, sauf de henné. Et c'est pourtant pour avoir quelqu'un à qui casser les oreilles avec mes histoires de popottes que j'ai installé ce canapé!

Donc ce soir, on s'y met!

Quand Cindy m'a demandé de m'occuper de ses cheveux, elle était rousse chimique depuis des lustres.


Et parce que ma bisounette ne veut jamais que des choses très compliquées, elle a décidé que ses cheveux seraient mauves. Rien que ça.

Mon truc à moi c'est le rouge, donc il a fallu plonger dans de grands livres poussiéreux, interroger de très vieilles dames avec des verrues sur le nez et des chapeaux pointus... et passer quelques heures sur le net.

Parce que je suis gentille (si si) je vais t'épargner ces longues et pénibles recherches et t'apporter, là, tout cuit, direct dans ton joli petit bec, les résultats de mes expérimentations.

Lorsque je recherche une couleur particulière et que je compte essentiellement sur l'infusion que je vais ajouter à mon henné pour y parvenir, je le prépare suivant une technique un peu différente. En effet, je forme une boule de pâte très épaisse, avec le moins d'eau (minérale ou déminéralisée) possible. Ca ne facilite pas le touillage, mais c'est bon pour le gras du bras. C'est cette boule que je laisse reposer le plus longtemps possible, sous cellophane et au chaud (sur un radiateur en hiver, au soleil en été). Au moment de l'application, je prépare mon infusion de plantes tinctoriales et je l'ajoute très progressivement à ma boule de henné. J'ai constaté que cette technique permet d'obtenir de bien plus beaux résultats.

Si tu as bien suivi tu sais que Cindy était rousse, il fallait donc sacrément foncer sa couleur en plus de lui apporter des reflets violines. Pour cela, je suis partie sur un mélange de hennés foncés (15gr de henné du Rajasthan, 15gr de henné du Yémen et 5gr de Tazarine) que j'ai laissé reposer 48h pour permettre un développement optimal des pigments.

Au moment de l'application j'ai préparé dans un bol une bonne cuillère à café de bois de campêche sur lequel j'ai versé 150ml d'eau bouillante. J'y ai ajouté une cuillère à café de bicarbonate de soude (magie!), et j'ai laissé infuser environ 1/4 d'heure.

Malgré des dizaines de hennés, c'est seulement ce soir, au moment où je te raconte tout ça, que je réalise que pour éviter que mon infusion refroidisse il suffirait que je la dépose sur le radiateur pendant ce quart d'heure fatidique. Puisque je n'y avais pas pensé avant, jusque là je la réchauffais légèrement au bain-marie avant de l'ajouter au henné. Soit.

Je ne filtre jamais les infusions, les petits résidus de poudres pénibles à rincer ne me font même pas peur et je pense que ce serait dommage de risquer de se priver d'une partie de leur efficacité.

J'ai ensuite ajouté les actifs hydratants et procédé à l'application (sans blague). Cindy a passé 5h encellophanée et enserviettée, nous avons rincé...

Tadam!


Un beau bordeaux aux reflets violines!

Soin au Kapoor Kachli

Photo Aroma Zone

J'avais à l'époque trouvé cette recette sur un blog formidable, mais malheureusement je ne retrouve plus ma source. Si ça te dit quelque chose, n'hésite pas à me le signaler, que je puisse rendre justice à son auteur!

Je suis plutôt adepte des soins contenant peu d'ingrédients, mais celui-ci contenait tant de bonnes choses que je l'ai tenté quand même et je n'ai pas été déçue.

Je l'ai laissé poser 2h30, sur cheveux humides et sous cellophane, et comme j'ai les cheveux très secs je n'ai fait ensuite qu'un seul shampooing suivi d'un après-shampooing. Mais la crème de coco étant assez grasse, il peut être nécessaire de faire deux shampooings avec la quantité d'un seul diluée avec de l'eau.

Remarques importantes:

! Puisque ce soin contient de la crème de coco il pourrait faire dégorger les couches récentes de henné. Ce souci peut être évité en remplaçant la crème de coco par de la crème d'avoine, par exemple.

! Les céramides végétales et les protéines de soie ont tendance à lisser les cheveux. Si tu es bouclée, je te conseille donc de le remplacer par d'autres actifs mieux adaptés.

C'est parti!

- Mélanger 2cs de Kapoor Kachli et 2cc de fénugrec avec un peu d'eau pour obtenir une pâte épaisse.

- Faire fondre au bain-marie 1cc de beurre de karité et 1cc d'huile végétale de coco.

- Laisser refroidir puis mélanger les deux.

- Ajouter 3cs de crème de coco ou de crème d'avoine, 1cs d'aloe vera et 6 pulvérisations d'hydrolat de fleurs d'oranger (ou d'un autre hydrolat convenant à tes cheveux).

- Ajouter 2ml de maca vital, 25 gouttes de protéines de soie et 2ml de céramides végétales (ces actifs peuvent être remplacés par d'autres, dont les effets correspondent à ce que tu recherches).

Les intérêts de ce soin sont multiples: le Kapoor Kachli, le fénugrec, la crème de coco et le maca vital stimulent la pousse des cheveux. Le beurre de karité et l'huile de coco nourrissent les cheveux, tandis que l'aloe vera et les protéines de soie les hydratent. Les céramides végétales, quant à elles, protègent et renforcent la fibre capillaire.

Les escaliers

Il y a quelques semaines, je suis tombée dans les escaliers. J'ai loupé une marche, tout en haut, j'ai glissé, je me suis emmêlé les pinceaux, j'ai basculé en avant et j'ai tapé la tête la première dans un meuble.

Je suis restée inconsciente pendant quelques minutes sous les yeux de mon petit garçon de deux ans et demi et de mon frère qui était venu passer quelques jours à la maison. Perdu, il a appelé mon beau-père à la rescousse, les secours sont arrivés, puis ma bisounette, Cindy, dont je t'ai déjà parlé. On m'a emmenée à l'hôpital dans une ambulance lancée à toute vitesse. J'y ai retrouvé mon mari et mon beau-père et des aides-soignantes, des infirmières, un médecin, deux radiologues se sont occupés de moi pendant une journée sans fin.

Munie de médicaments et de souhaits de bons rétablissements, j'ai pu rentrer chez moi où tout le monde a été aux petits soins, et aujourd'hui il ne reste presque aucune trace de ma commotion cérébrale, de mes déchirures et de mes multiples contusions.

J'ai eu de la chance.

J'ai de la chance. Aujourd'hui j'ai de la chance.

Il y a quelques années, sept années pour être précise, je suis tombée dans les escaliers. J'ai loupé des marches. J'ai glissé, je me suis emmêlé les pinceaux, j'ai basculé en avant la tête la première, je me suis cognée dans un meuble. Je suis restée inconsciente.

Pas une fois.

Une fois par mois. Puis une fois par semaine. Puis un jour sur deux.

Il n'y avait personne pour appeler les secours, personne pour prendre soin de moi, personne pour me souhaiter bon rétablissement.

Je n'étais pourtant pas seule. J'avais des voisins, j'avais des collègues, je croisais des inconnus dans la rue.

Mais personne n'a voulu se mêler de ce qui ne le regardait pas.

Tu dois te demander pourquoi je te parle de ça aujourd'hui. Tu es là, installé peinard dans notre canapé mou, tu t'attendais à ce que nous parlions de cheveux, peut-être, et je viens t'ennuyer avec mes souvenirs d'ancienne combattante.

Aujourd'hui, nous sommes le 25 novembre et c'est la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Je ne pouvais pas ne pas t'en parler, par respect pour la jeune femme que j'étais, il y a sept ans, couchée par terre en larmes, à attendre qu'une main se tende.

Et si tu fais partie de ces gens qui pensent que ça ne sert à rien, qu'elles ne partent pas ou alors y retournent toujours, sache que je suis partie parce qu'un jour quelqu'un a pris le temps de m'écouter. Et ce jour-là, cette personne m'a dit "Tu ne vis pas une relation difficile. Tu es une femme battue."

Je ne le savais pas.





lundi 17 novembre 2014

Soin cheveux archi-secs (et secret rouge)

Quand j'ai arrêté le chimique pour me tourner vers les soins naturels, j'ai jeté mes shampooings et après-shampooings comme on écrase sa dernière clope, bien décidée à ne plus manger de ce pain-là.

J'ai attrapé la tondeuse de mon homme, je me suis enfermée dans la salle de bains, et j'en suis ressortie avec quatre millimètres de poils sur le caillou et des larmes plein les yeux.

Puis j'ai passé des heures et des heures sur le net, et j'ai vidé ma carte de crédit.

Aujourd'hui j'ai du recul et un chouia d'expérience, et je sais que, même en matière de soins naturels, certaines marques ne tiennent pas leurs promesses, ce qui fait des miracles sur l'une sera catastrophique sur l'autre et, bien souvent, le bonheur de mes cheveux se trouve... dans ma cuisine.

Cette coupe radicale et nécessaire était l'occasion ou jamais de prendre enfin de bonnes habitudes et de découvrir la vraie nature de mes cheveux, débarrassés des saloperies dont je les tartinais avec amour.

Et j'ai découvert que j'avais du foin sur la tête. Mais pas de panique, la nature a tout prévu, et là où le rayon "Cosmétiques" de mon supermarché a échoué, l'épicerie du bled paumé du charmant village où je vis a brillamment relevé le défi.

Quand mes cheveux font la gueule, je mélange 2cs d'hydrolat (de l'eau minérale ou déminéralisée fait également l'affaire), 2cs de miel (bio, tant qu'à faire) et 2cs d'huile végétale. N'importe quelle huile convient, l'huile d'olive par exemple donne de super résultats, mais j'adore l'huile de graines de lin. Son seul inconvénient est sa courte durée de conservation après ouverture: elle rancit rapidement.

Après avoir mélangé tout ça énergiquement (oui parce que l'eau et l'huile ne sont pas franchement copines, si tu te souviens de tes cours de sciences...), je l'applique sur cheveux secs, j'emballe dans du cellophane (mon drame) et dans un foulard et je vais me coucher. Et j'essaie de dormir. Avec ce machin qui glisse, qui colle, qui chauffe. Puis je vire le cellophane pour ne garder que le foulard et je sombre dans un profond sommeil.

Si tu as suivi, on arrive donc au moment où je me lève (et je te bouscule) et où je me précipite vers la salle de bain pour faire pipi (toi qui attends ton premier enfant ne fais pas l'école buissonnière, VA à la rééducation périnéale) et pour rincer la friteuse que j'ai sur la tête.

Puisque j'ai les cheveux bien secs je fais un shampooing, mais si les tiens le sont moins tu peux en faire deux avec la quantité d'un seul dilué avec de l'eau. Je fais ensuite un après-shampooing, puis je me branche en mode pétasse de pub L'Orétruc et je tripote mes cheveux toute la journée.

Oui voilà, comme ça.

Si tu es toujours là (bravo) tu vas être récompensé pour ton courage, car je vais maintenant te dévoiler un secret. Lorsque je voulais du rouge (que j'ai obtenu puis dont je me suis débarrassée, mais c'est une autre histoire), je remplaçais mes deux cuillères à soupe d'hydrolat par une infusion très concentrée de garance salée. Je portais à ébullition 30ml d'eau (minérale ou déminéralisée) que je versais sur une cuillère à café de garance, j'y ajoutais une pincée de sel et je laissais infuser 1/4 d'heure. Mon rouge en ressortait sublimé.

"Mais comme se fait-ce?", t'exclames-tu derrière ton écran. Non, certainement pas, personne ne dit "comment se fait-ce?" dans la vraie vie. Cependant, laisse-moi ouvrir une parenthèse "Sciences et Vie". Le sel va permettre à la garance de libérer de l'alizarine, son pigment rouge, et de le fixer sur la kératine. TADAM! Ca n'a l'air de rien, dit comme ça, mais ça fait de la garance la seule poudre tinctoriale (à ma connaissance du moins) qui colore le cheveu sans avoir besoin du support du henné. C'est pas magique ça?

Si, c'est magique. Demande à Btissame. Le rouge, c'est magique.


Crash test : Shampooing et soin repigmentants Mulato " Rouge de Venise "

Maintenant que tu es installé, on va pouvoir commencer. Et par où? Mais par le début! Et tout a commencé par une histoire de cheveux et d'amitié.

Accro au henné et aux poudres de perlimpinpin, je tambouille.

Ah. Elle tambouille (et elle se la pète avec des termes d'initiée, en plus).

Autrement dit, le plus souvent possible et quand mon petit garçon, mes quatre chiens et mes cinq chats me le permettent, je sors mes bocaux, mes fioles et mes sachets, mon Gabès, mon Nupur, mon fénugrec et mon patchouli, mon huile de coco, mon beurre de karité et mes protéines de soie, je monopolise la cuisine puis la salle de bains, je me transforme en sorcière et je ne suis plus là pour personne.

Et quand, bonheur, je peux partager ça avec les copines, c'est encore mieux.

Ah, les copines... Notre fameux canapé mou - tu es bien, d'ailleurs? tu as trouvé ta place? - notre canapé, donc, n'existerait pas sans les copines.

Et parce que je n'ai qu'une tête et que ce n'est pas suffisant pour tout expérimenter, je les mets à contribution avec plus ou moins de succès. Cindy me laisse lui mettre sur la tête des mélanges aux couleurs douteuses et aux résultats aléatoires, Rose partage avec moi ses secrets d'agave, je suis avec délectation les mésaventures des deux temps de Torata, Lisenn m'a fait découvrir l'urée... Et comment ne pas te parler de Myloune, Séverine, Btissame, Lidy, Morganne, Claire, Marie-Jeanne, Lys, Tipha... Je sais, pour l'instant c'est peut-être un détail pour toi, mais pour moi elles veulent dire beaucoup. Et apprête-toi à en entendre parler...

D'ailleurs, on s'y met tout de suite. Je te présente ce soir ma tête à coiffer préférée, la seule, l'unique, ma bisounette. Car oui, je suis aussi une adepte des surnoms à la con. D'ailleurs si tu t'accroches tu auras peut-être droit au tien toi aussi - ça fait envie pas vrai?

Cindy m'a, ce soir-là, prêté sa tête pour un soin Mulato. Après quelques semaines sans henné, ses cheveux étaient un peu tristounets et il était temps d'agir:


Avant le shampooing et soin Mulato

Je lui ai donc lavé les cheveux avec le shampooing repigmentant "Rouge de Venise". Cindy a les cheveux normaux et un cuir chevelu à tendance grasse donc ce shampooing lui convient bien, car il a tendance à être légèrement asséchant. La marque conseille l'utilisation de gants pour l'application du soin... Ben tant qu'à en gâcher une paire, mets-les aussi pour te laver les cheveux si tu ne veux pas avoir l'air d'avoir trempé tes mains dans du désinfectant.

Après avoir rincé, essoré et légèrement séché les cheveux de Cindy à l'aide d'une serviette, j'ai ensuite appliqué AVEC DES GANTS le soin repigmentant (toujours "Rouge de Venise", si tu suis) en essayant, sans succès, d'éviter le cuir chevelu. En effet, il colore le crâne d'un rose pétant qui ne disparaît qu'après quelques shampooings.

Le temps de refaire le monde une demi-heure était passée (au lieu des vingt minutes conseillées et malgré le fidèle chronomètre de Cindy). Le rinçage de ce soin est un réel plaisir, surtout quand on a pour habitude de galérer avec des petits résidus de henné qui s'accrochent de leurs millions de petites pattes. Ou, pire, un soin à l'oeuf transformé en omelette sous l'eau chaude. Oui, c'est du vécu.

Après sèchage (et nettoyage de la scène de crime), TADAM!:


Après le shampooing et le soin Mulato

C'est doux, ça brille, et c'est ROUGE!

Et une bisounette heureuse, une!


Version heureuse (et rouge) de la bisounette...

Les compos de ces produits sont loin d'être irréprochables, on est d'accord. Cependant ils ne contiennent ni ammoniaque, ni eau oxygénée, ni silicone, ni paraben, ils sont composés à 92 et 96% de produits d'origine naturelle et ils ne sont pas testés sur les animaux. D'autre part, ils sont plutôt économiques puisqu'après quatre utilisations le flacon du soin repigmentant est pour ainsi dire plein. Par contre, Mulato parle de sept à huit semaines d'effet constaté et malgré un seul shampooing hebdomadaire cette info me semble vraiment très exagérée. Faut pas se leurrer, après un mois les reflets rouges ne sont plus visibles mais c'est déjà pas mal pour du "pas trop cracra".

En résumé, et pour reprendre l'expression de l'une des copines citées plus haut, les repigmentants Mulato "font le job" :-)